Le vilain petit canard by Unknown

Le vilain petit canard by Unknown

Auteur:Unknown
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Éditions AdA
Publié: 2018-10-22T00:00:00+00:00


Chapitre 8

Nous arrivâmes enfin devant un luxueux hôtel dans lequel nous pénétrâmes. Pendant que nous traversions le hall, Isabella me demanda de lui remettre une partie de l’argent volé. Je m’exécutai docilement. Puis, nous nous dirigeâmes vers la salle de réception située au fond de l’immeuble, dont un vigile nous bloqua l’accès.

— Désolé, je dois voir vos invitations, déclara-t-il.

— Les voilà, tes invitations, rétorqua Isabella en lui présentant les billets de banque que je lui avais donnés.

Le garde réfléchit longuement en fixant l’argent, comme s’il avait besoin de peser le pour et le contre. Oserait-il pousser l’affront jusqu’à nous en soutirer davantage ? Pourtant, la somme était plus que généreuse et devait représenter plusieurs semaines de salaire pour un simple gardien de sécurité. Ses traits se radoucirent enfin. Affichant un sourire cupide, il s’empara des billets et nous laissa le champ libre.

L’ambiance festive de la salle, mais surtout la présence d’un couple de jeunes mariés, m’indiqua que nous venions de nous inviter illégalement à des noces. Plusieurs des convives s’agitaient sur une musique techno frénétique, tandis que d’autres discutaient près du bar tout en sirotant leur consommation. De nombreuses femmes, parées de leurs plus beaux atours, se trémoussaient sur la piste de danse afin de séduire les hommes célibataires élégamment vêtus qui en faisaient autant. Je compris ce qu’Isabella avait voulu dire, plus tôt, quand elle avait mentionné que nous allions chasser le gosse de riche ; de toute évidence, les invités vivaient dans l’abondance.

Alors que nous nous avancions vers le bar, je discernai un visage connu à travers la foule. Impassible, l’homme nous salua silencieusement d’un hochement de tête discret, avant de retourner son attention vers la jolie jeune femme avec laquelle il dansait. Il me fallut quelques instants, mais je le reconnus enfin : c’était l’un des vampires qui avait assisté à ma naissance. Était-ce un hasard s’il se trouvait à la même réception que nous ?

Au bar, Isabella nous commanda des vodka-poinsettias. Je déposai quelques billets sur le comptoir en guise de pourboire, puis m’emparai de mon verre, trop pressé d’y goûter. Dès que le liquide chatouilla mon palais, je fus saisi d’une violente toux incontrôlable, ma gorge s’étant resserrée comme un étau pour protester contre cette intrusion. Un sourire amusé s’esquissa sur le visage du barman, celui-ci ayant l’air de croire que j’étais incapable de supporter une si faible teneur en alcool, puis il s’éloigna afin de servir d’autres clients. Je continuai de toussoter, jusqu’à ce que les quelques gouttes fautives soient expulsées.

— Si tu m’avais laissé le temps de t’avertir, me reprocha Isabella, tu aurais su que le verre, c’est seulement pour les apparences. Hormis le sang, il t’est désormais impossible d’avaler toute nourriture ou tout liquide ordinaire ; ton corps vampirique les rejettera automatiquement, de manière dynamique, comme tu viens de le constater.

— Message reçu, croassai-je en essayant de retrouver la maîtrise de ma gorge et de mes cordes vocales. Et maintenant ?

— Je déclare ouverte la saison de la chasse, plaisanta-t-elle avant de se mélanger aux danseurs, m’abandonnant au bar.



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